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Straight to bed - Noah Edwards
L’odeur de sueur m’agaçait particulièrement. Je serrai les dents pour faire abstraction et me concentrai sur la population de la trame. Il y avait un homme en particulier, maigre, avec une calvitie avancée et des dents jaunes qui était au téléphone et il n’arrêtait pas de jurer « Putain je te jure, ce salopard lui volé son putain de sac, putain ! ». Une femme état assise à côté de lui, âgée, qui faisait des mots croisés en se grattant les cheveux. De fines pellicules blanches en tombaient à chaque fois et étaient venues se déposer sur sa chemise rose comme de la neige. Puis il y avait une gamine, grosses créoles, et chewing gum en bouche. J’entendais le bruit dans son machouillage comme si j’étais à côté d’elle chaque claquement de bulle me faisait grimacer de dégout. Il y avait du monde à perte de vue à vrai dire, et un silence rythmé par les jurons de celui au téléphone. Sur chacun des visages je pouvais y lire de l’agacement. La nuit venait de tomber, et entre fatigue et exaspération, tout le monde penser à la même chose : rentrer, fuir le métro. Puis il y avait le cafard sur la fenêtre à côté de moi, écrasé. Un liquide jaune et gluant en goutait et avait laissée une longue trainée sur le verre.
Le métro freina d’un coup sans prévenir, manquant de faire tomber quelques uns. Nous étions sortis du tunnel, et j’avais une autre vue que celle de l’infâme insecte putréfié. J’observai le paysage, de hautes tours brunes qui se succédaient comme de gigantesques bunkers éclairés de centaines de fenêtres, et je me fis la remarque que les HLM avaient vue sur la mer. L’ironie était criante, on parquait des gens dans des cages en prenant soin de leur donner un balcon avec vue une liberté inexhaustible. Je soupirai. Ces gens n’avaient rien à envier et j’étais bien heureuse d’être dans mes propres baskets.
Je jetai un coup d’œil à ma montre. 20h13. La voix criarde des hauts parleurs résonna peu de temps après que l’obscurité soit revenue. « Boxhill. Boxhill ». A l’arrêt de la trame, tout un tas de gens s’y engouffrèrent. Un vieux s’arrêta à ma hauteur avec un espèce de dégout dans les yeux. Il tourna les yeux derrière moi plusieurs fois, faisant l’aller-retour entre je ne sais quoi et moi. Je me retournai. Un logo place prioritaire. Je soupirai, encore. Je pris en appui la barre du wagon et me levais. Putain ce que j’ai horreur des vieux. J’étais debout à présent, coincée au milieu d’odeurs en tous genres, dont certaine que j’étais incapable de nommer. Une chance aussi que je ne sois pas agoraphobe. J’allais continuer ma trépidante avancée dans la trame quand je glissai sur le pied de quelqu’un. Je me rattrapai comme possible en m’agrippant à la veste de cette personne. Un « Putain » traversa la barrière de mes lèvres sans que je ne m’en rende compte. Je détestais les transports en commun.
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