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Before you go | Madeline
« Before you go »
Ca le gonfle.
Pas un peu, parce que quand les choses gonflent un peu Felipe, il sait les mettre de côté promptement histoire de retourner à son quotidien totalement sans tension. Les clients lourds au restaurant, les mésaventures du quotidien, les obligations familiales, tout ça c’est juste un peu agaçant, et il vit très bien avec sans s’en soucier. Mais là, il a les sourcils froncés devant l’écran de son téléphone et il se ronge l’ongle du pouce de sa main libre, c’est donc que quelque chose le pousse vraiment à bout.
Ses comptes. Ce sont ses comptes qui l’énervent, lui plombent le moral depuis deux-trois semaines, l'empêchent de vivre sa petite vie de branle-nouille détendu. D’un seul client perdu, il est passé à six. Perdus-perdus, ou en perdition, peu importe, il compte pareil et sa liste est formelle sur le nombre. Il pourrait être moins agacé par la chose s’il n’avait pas sa fameuse paire de baskets hors de prix à payer, mais elles sont beaucoup trop jolies -et le grand barbu est bien trop une greluche- pour laisser passer l’occasion.
Donc il a listé les disparus parmis ses clients sur un document.
Et là il l’observe en se posant douze questions à la seconde, vêtu comme un jock bas du front d’un maillot de bain, d’un racerback et d’un short, assis en tailleur sur un banc face à la flotte. Image poétique.
- Ca fait chier la…
Tu-tu-tu-censure, pertinente observation, merci Fé ! Voilà, marmonner dans sa barbe couleur de blé est bien plus pertinent, et bien moins offensant pour les gens qui passent autour, même s’il s’agit plutôt de jeunes fringants et parfaitement capables d’entendre une ou deux insultes créatives.
Pourquoi ce coin branchouille ? Parce qu’il s’avère qu’il n’est pas totalement idiot, et qu’il a bien fait sa liste. Dans la partie “qu’est-ce que tu fous tu me lâches ?” il y a Maddie, et il sait qu’elle habite et traîne dans le coin. Il n’est pas venu traîner là totalement par hasard, il guette autant qu’il se détend. En plus elle est facile à repérer, avec ses tatouages -il est mal placé pour critiquer- et ses mods, c’est vraiment le pigeon parfait. Ou la proie. Le plus poli des deux.
- Heeeeey !
Mais que les choses sont bien faites ! Qui est donc cette jolie demoiselle encrée et percée à portée de voix ? Surprise immense, Madeline ! Incroyable ! Tiens c’est cadeau pour elle, le grand sourire mi-patate adorable, mi-canaille de Felipe, celui qu’il sort quand il veut draguer ou gratter une cigarette.
- Maddie ! Salut !
L’avantage, lorsqu’on est grand et sportif, c’est qu’on fait de suite un peu peur quand on se relève de son banc. Là c’est plutôt un désavantage en fait, alors il le corrige avec un air parfaitement bonhomme. Il ne veut que le bien de la jeunette, c’est évident, c’est ce que veulent tous les dealers pour leurs clients. Une longue et heureuse vie pleine de substances illicites mais néanmoins récréatives.
- Ca fait longtemps. Qu’est ce que tu deviens ?
La main tendue entre eux c’est vraiment pour dire bonjour, ce n’est pas du flan. Il n’est pas totalement mal élevé.
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Lunay's invention
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Elle est sortie de sa contemplation par une voix qui l’appelle. Elle sursaute doucement, regarde en direction de la voix et reconnait Felipe, son dealer. Elle soupire intérieurement. Elle n’a pas vraiment envie qu’on lui rappelle qu’elle consommait bien trop. Elle affiche malgré tout un sourire forcé. Felipe sourit aussi, beaucoup trop. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle le croise au port et cette rencontre la met sur ses gardes. Il est habillé décontracté, bermuda et débardeur. Il lui tend la main et lui demande comment elle va. Elle lui serre la main machinalement et hésite avant de lui répondre, prise de court. « Ecoute ca va et toi ? Qu’est ce que tu fais là ? » Elle lui fait signe de la tête qu’elle préfère continuer marcher et avance tranquillement. Elle craint un peu ce qu’il s’apprête à lui dire et préfère le prévenir tout de suite. « J’ai rien à t’acheter Fé, j’ai même pas mon portefeuille sur moi. » Il a beau avoir l’air cool, ils ont beau avoir déjà été aux mêmes teufs, Felipe est son dealer, pas son meilleur ami.
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J'prends la pose :
Madeline Steel- modératrice trop adorable
-
« Before you go »
Oh ! Le petit sursaut, c’est très mignon comme réaction. C’est aussi sans trop de fondement -Fé est un dealer, pas un tabasseur de jeunes femmes- mais il n’y a pas à tortiller, c’est adorable. Il y a quelque chose de la souris en fait dans ce qu’il observe des réactions de Madeline et il aime bien ces petits animaux. Donc sourire plus grand encore, du genre qui peut faire un peu peur mais il s’en fiche. Si la choupie tatouée a peur de lui, qu’il en soit ainsi.
- Je reviens de la plage. C’est plus agréable pour s’entrainer que la piscine.
Voilà, ça c’est pour le mensonge de circonstances justifiant sa présence là où il ne va jamais. Il n’habite pas près du port, ne va pas se baigner à côté quand il a le choix, n’a vraiment rien à faire là. Mais il porte son maillot sous le short et il a vraiment été nager avant, il a même les cheveux pleins de sel pour le justifier. Cet homme est malin.
Sauf qu’il s'entraîne en piscine.
Et que son appartement n’est pas du tout sur le chemin.
Mais on s’en fiche, honnêtement, le mensonge est pas mauvais.
Il se met à marcher à côté de Maddie puisqu’elle a l’air de faire sa promenade digestive. C’est plutôt agréable de parler tout en se dégourdissant les jambes et en profitant du soleil, la demoiselle a donc le droit à un petit bruit de gorge très satisfait qui échappe de Felipe avant qu’elle ne vienne lui réduire en éclats ses espoirs. Ha là, de suite, il y a moins de monde pour sourire ! C’est même plutôt de l’agacement qui se peint sur le visage avenant de l’australien : lèvres qui se pincent, sourcils qui se froncent, et mouvement de menton sur le côté pour encaisser.
- Ca tombe bien, j’ai rien à vendre sur moi non plus.
Le ton est un peu acide, le point final agressif. On est un peu blessé, Fé ?
- Difficile de nager avec de la morphine dans le maillot. Les sachets prennent vite l’eau.
Allez, si je fais des blagues, tu rigoles ?
Parce que c’est encore le meilleur moyen de déterminer la température morale de la pièce, les petites piques d’humour. Si le jeunette rigole, elle est détendue, il peut l’agacer plus facilement et plus longtemps avant de s’en prendre une. Si elle est tendue, elle va juste le regarder comme s’il venait de manger son chien devant ses yeux, et lui saura qu’il faut marcher sur des oeufs.
Dans tous les cas, il aura une idée de comment lui demander si elle voit un autre dealer que lui, ce qui est à peu près la seule chose qui l’intéresse. Non, vraiment, il n’est pas son meilleur ami.
- J’ai même pas mes clopes, tu vois ? Rien. J’aurais eu l’air con si tu m’avais demandé quelque chose.
Pour la peine, il retourne ses poches, prouvant par là qu’il ne porte effectivement presque rien sur lui. Même pas les clés de sa porte : il n’y a que son portable avec lui. Pour la fameuse liste qui l’énerve et répondre aux appels de sa mère en moins de deux minutes sans quoi elle panique.
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Ils marchent quelques minutes et Felipe rote soudain sans gêne, arrachant une grimace de dégoût à l’illustratrice. L’air est tendu, elle ne sait pas tout à fait ce qu’il fait là et au fur et à mesure de leurs pas, elle se met à douter de son excuse nage à la mer. Lorsqu’elle lui annonce qu’elle n’a rien à lui acheter et qu’elle n’a de toute façon rien sur elle, elle remarque une mine mécontente sur le visage du dealer. Ses traits se serrent et ses sourcils se lèvent. Il lui répond abruptement qu’il n’est pas là pour ça. Madeline ne dit rien et continue de marcher, agacée par le ton qu’il a employé. Elle déteste qu’on tourne autour du pot. Elle réponds un « Mh. » à sa blague en mimant un sourire pincé. Les sachets sont censés être hermétiques alors elle ne croit pas du tout à son excuse. Rien ne lui dit qu’il a vraiment été nagé, si ce n’est son bermuda –et encore, il est sec-. Qui sait, il a peut-être une partie de son matoss dans ses poches.
Enfin de compte, Felipe les retourne pour lui prouver qu’il n’a rien, pas mêmes ses clopes. Satisfaite elle lui répond « Ok, ok je te crois. » et sort son paquet de cigarettes de sa poche et lui en tend une. Peut-être qu’un peu de tabac va détendre l'atmosphère. Elle ne supporte pas trop le silence qu’il y a entre eux. Elle préférait quand il n’était pas là et qu’elle pouvait se concentrer sur le chant des mouettes. Pourtant, au fond, elle ne le déteste pas Felipe. C’est plutôt même un chic type d’habitude. Elle lui demande d’une voix qu’elle veut calme « Qu’est-ce que tu deviens ? » tout en recrachant la fumée de sa cigarette. Elle le voit rarement en dehors de leur relation vendeur-client, autant dire qu’elle ne l’a pas vu depuis des semaines ; depuis qu’elle a ralentit les drogues et les fêtes. « Ca fait longtemps qu’on s’était pas vus. »
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