I love what I see | Ombline A. Andrews

GET REAL

« Monsieur Griffin ! » « Appelez-moi Gabriel ! » Ça commençait très mal. Je détestais que l'on m'appelle par mon nom de famille. Mais bon, la journaliste ne pouvait pas le savoir. Après tout, j'acceptais rarement les interviews. Pourquoi le ferais-je ? Je n'étais pas vraiment une célébrité. J'étais certes issue de bonne famille et très riche. Je côtoyais les lieux les plus prestigieux de la ville. J'avais des relations avec des personnalités importantes... En fait si, j'étais une célébrité. Mais la pire sorte qui puisse exister. Celles que l'on connaissait sans savoir pourquoi on les connaissait. L'interview se passa relativement bien. Elle me demanda un peu ma vie de tous les jours. J'avais beaucoup aimé voir son visage se décomposer quand je lui expliquais que désormais je ne faisais que profiter des hôtels, où je m'amusais. La vie de rêve. Après l'interview c'était une séance photo obligatoire. Je ne savais pas trop si j'adorais m'exhiber devant la jolie photographe ou si au contraire je trouvais cela assez barbant. Mais bon, je devais faire avec. C'était Ombline qui avait tout organisé et je ne voulais pas la décevoir. Ombline était une amie très proche. On avait chacun connu des hauts et des bas, mais jamais nous nous étions laissé tomber. Je la connaissais sous toutes ses formes, même les moins pures. Mais, étrangement, plus le temps passait, moins c'était ce genre de forme que je retenais. Ombline n'était plus que la jeune femme voluptueuse avec qui j'aimais passer mes nuits. Elle était devenue une femme, confiance en ses compétences. Et des compétences, elle en avait.

Après la séance photo, j'étais parti voir Ombline. J'aimais bien lui demander son avis, et m'exhiber devant elle. Après tout, me voir prendre la pose était toujours un plaisir pour elle. Je me dirigeai vers elle, prenant au passage une rose posée dans un vase. Je la voyais de dos, sans doute au téléphone, ou en train de réfléchir. Difficile de dire. Autant j'étais quelqu'un d'assez talentueux pour deviner les expressions faciales, deviner quelques détails. Mais dès qu'une partie du visage de manquait à mon champ de vision, j'étais incapable de dire ce que la personne faisait ou voir le moindre détail pouvant m'aider. Je la surpris alors dans le dos, déposant la rose près de son visage. « Encore là ? Fais attention, je pourrais croire que tu es addict à ma personne. » Alors oui, je sais, le mec qui donne une rose à une femme, ça fait très amoureux. Mais non. J'aimais tout simplement traiter Line comme la reine qu'elle était. Jamais je ne manquais une occasion pour avoir une petite attention. C'était mon sens de l'amitié. Pas besoin d'avoir une idée derrière la tête pour faire plaisir à une femme. Son seul plaisir était en soit mon plus grand plaisir. « A moins que tu sois juste là pour vérifier que le photographe ait bien fait son travail ! » La magie de Line. Le travail devenait plaisant, et le plaisir devenait gratifiant. Nous n'avions jamais été ensembles, mais elle faisait partie, sans aucun doute possible des femmes qui avaient marqué de manière durable ma vie.

C'était assez drôle d'ailleurs... Quand j'avais essayé de me mettre en couple, je n'avais jamais été stable. J'avais toujours eu ce besoin de fuite. Comme si je n'étais pas fait pour aimer quelqu'un. Pourtant, dès qu'il s'agissait d'amitié ou de relation durable sans engagement, là... Quand je m'étais mis en couple pour durer, ça n'avait pas duré un an. J'avais rencontré Ombline pour coucher, et notre relation durait maintenant depuis plusieurs années. Line devait le savoir, l'engagement me faisait fuir. Combien de fois m'avait-elle accueilli après que je sois parti en courant de chez une pseudo-copine. Cela ne voulait pas dire que l'on pouvait pas compter sur moi. Juste que m'enchaîner était impossible. J'aimais trop être libre. Que ce soit dans ma vie ou dans mes relations. Et avec elle, comme avec d'autres, j'étais libre.

« Quelle belle fleur. Merci. J'aime inspecter le travail, d'autant plus quand il te concerne, Gabriel. » Cela m'avait donné quelques idées. Pas les plus catholiques du monde d'ailleurs. Il fallait avouer que la beauté d'Ombeline rendrait n'importe quel homme de foi prêt à servir le Diable. Et heureusement pour ma personne, le Diable c'était bien moi. Du moins dans cette ville. Et ça, elle le savait. Elle avait vendu son âme à Lucifer quand elle avait accepté que l'on soit autant proche. Et dire qu'à la base je n'avais été qu'un client pour une escort. Mais cette femme avait tout à l'époque. De la classe, une certaine confiance en elle, de la sensualité. Jusqu'au jour tragique... Là j'aurais tout fait pour la faire sourire. Et c'était ce que j'avais fait. Je m'étais plié en quatre pour elle. Je ne voulais pas qu'elle reste en enfer. C'était alors que je m'étais rendu compte à quel point elle comptait pour moi. Elle était spéciale. Peu importait à quel point elle pouvait être brisée, à quel point elle était repliée sur elle-même. Ou même si on avait plus eu de rapport pendant cette période. Je voulais juste la rendre heureuse. La plupart des femmes, je les voyais et je ne les rappelais jamais. Ou du moins je ne voulais pas avoir de relation avec elle. Line, était une femme importante dans ma vie. Elle aurait presque pu être la femme de ma vie, pour peu que l'amour existait. Toutefois en moi il n'y avait nul amour. Je ne savais aimer de cette façon. J'étais trop vide. Ce vide, elle le comblait. Au fond de moi, je savais. Si une femme avait marqué ma vie ce n'était pas cette congolaise qui m'avait trompé. C'était Line. Quand je la regardais je ne voyais pas une femme faible qui s'était fait agressée. Je voyais une femme pour qui j'avais une confiance absolue, une tendresse extrême et un désir sans limite. Je n'avais pas besoin d'être amoureux pour savoir qu'elle ferait toujours partie de ma vie, qu'elle serait toujours une partie de moi. « Tout a été comme tu le voulait, autrement ? Les photos sont parfaites en tout cas, elles rendent magnifiquement bien. » Je n'aimais pas les interviews, et les shootings photo flattaient mon ego, mais n'étaient pas ma tasse de thé. Malgré ça, je savais les efforts qu'avait déployé Line. Du coup, je ne pouvais me plaindre. Au contraire, elle ne pouvait être que remerciée. « La journaliste était mignonne. Les questions intéressantes... » Pour peu qu'elle ne m'appelle pas par mon nom de famille... « Et les photos... J'aime toujours m'exhiber tu le sais bien. » Je lui souris. Bref, après l'effort le réconfort et j'avais bien envie d'embêter un peu cette douce et gentille succube. J'approchai doucement mon visage de son cou alors que personne ne pouvait nous voir. Je m'arrêtai quand mes lèvres effleuraient sa peau. La tension dura quelques secondes avant que j'aille lui murmurer au creux de l'oreille, non sans mon accent français « Dommage que je ne puisse pas mélanger travail et plaisir... J'aurais aimé que tu m'inspectes un peu plus... » Je me relevai, ne lui laissant pas le temps de réagir. Jetant un dernier coup d’œil à sa robe moulante, toute en noir, pour les couleurs ça on était similaires, je me retournai et faisait semblant de partir. Bien sûr je n'attendais qu'une chose : qu'elle me rattrape.