a brand new day (ft. Adonis)

GET REAL

Les choses avaient été très vite. Le blond remplaçait un coloc qui s’en allait et c’était bientôt au tour du mec déjà présent dans l’appart de partir. Pour alléger ses dépenses, il avait mis des annonces sur des sites pour trouver un remplaçant à celui qui partait. Et puis, dans son état, vivre seul était surement la pire des mauvaises idées. Il était déjà bordélique lorsqu’il allait bien donc en allant mal, c’était un coup à se retrouver noyé sous des déchets devenus radioactifs à force de pourrir sur place. Il y avait déjà assez de son cœur qui était en train de pourrir. Ça, au moins, personne ne le voyait et personne ne s’y intéressait. Et de toute façon, il ne voulait pas d’un autre sort pour ce cœur meurtri par la perte de l’être aimé. Il n’avait jamais été de nature vraiment joviale, mais ce manque le rendait morne, déprimé. Non, rester seul n’était définitivement pas la chose à faire. Une part de lui en avait pourtant envie. Bien-sûr, il était facile de se dire qu’il était jeune et avait la vie devant lui pour aimer à nouveau, il finirait bien par faire son deuil. Malheureusement, c’était trop récent pour qu’il puisse y croire. À la perte s’ajoutait la culpabilité portée par des « si » qui ne changeraient jamais le passé peu importe le nombre de fois qu’il les ressassait. Si j’avais su l’aider à s’en sortir, à ne pas sombrer dans ces substances. Si j’avais été davantage présent pour lui. Au départ c’était une fois de temps en temps et puis c’était devenu de plus en plus régulier. La fameuse spirale infernale qui avait failli faire couler leur couple avant de le briser violemment, d’un coup d’overdose.

Ce qu’il était amer, Ellis, devenu rabat-joie du point de vue de certains amis. Ceux qui aimaient la picole et la fumette. Il avait commencé à cesser de les fréquenter. Ça lui rappelait trop Mike. Il secoua la tête en entendant l’interphone le sortir de ses tristes pensées. Il avait rendez-vous avec un type pour l’appartement. Il n’avait pas spécialement envie de rencontrer de nouvelles personnes, mais il devait se bouger les fesses, l’autre partait dans deux semaines. L’appartement bien que petit avait au moins le mérite d’être organisé et lumineux. En plus, avec le départ de l’autre, il y avait moitié moins de bordel puisqu’une partie était rangée dans des cartons. Bon, le souci principal de cet appart’ c’était la salle de bain dans laquelle on ne tenait pas vraiment à deux… mais au pire, Ellis ne passait pas beaucoup de temps dans cette pièce. Il alla donc répondre à l’interphone et accueillit l’inconnu une fois les trois étages montés. Au moins ça faisait faire du sport puisque l'ascenseur était souvent en panne. « Salut. » Dit-il en tendant la main au garçon qui arrivait. « Je suis Ellis, vous êtes… Adonis, c’est bien ça ? » Ouais la mémoire des prénoms, c’était pas toujours son fort alors il préférait demander. Il essayait d’être le plus souriant possible, exercice qu’il avait l’habitude de pratiquer au café. Il invita donc le garçon à entrer, il n’avait pas l’air beaucoup plus vieux que lui. « L’entrée donne sur le salon et une salle à manger … qui ne permet pas d’inviter grand monde. » Il rit doucement même s’il ne trouvait pas ça spécialement drôle. C’était juste histoire d’essayer de faire de l’humour.

S’il y avait bien un truc dont le grand blond se fichait, c’était de l’allure et du look des gens. Il avait n’eut d’yeux que pour Mike de toute façon, même lorsque ce celui-ci ressemblait à un mort-vivant à cause de la drogue. Vu son état, ce n’était pas maintenant qu’il allait se mettre à regarder les autres. Donc franchement, l’allure du dénommé Adonis, il s’en fichait pas mal. Tout ce qu’il voulait, c’était alléger le poids des dépenses et partiellement, ne pas se retrouver seul pour ne pas finir encore plus mal. Il avait longtemps été de ceux qui faisaient attention à leur apparence, mais c’était fini. Il se foutait bien de la société et ses normes, il se foutait de beaucoup de choses depuis que son couple avait sombré… Avant d’être totalement déchiré. Si Mike était son âme sœur, alors Ellis ne serait plus que la moitié de lui-même jusqu’à la fin de sa vie. Il se demandait souvent à quoi bon continuer, mais il n’était pas suicidaire. Et puis, peut-être que Mike n’était pas son âme sœur et qu’il saurait passer à autre chose. C’était encore trop récent pour qu’il sache comment allaient évoluer ses sentiments. Ceci dit, c'était son premier amour alors d’une façon ou d’une autre, il occuperait toujours une place spéciale dans le cœur du blond. Il avait donc écouté les paroles de son potentiel futur colocataire. Drôle de coïncidence qu’un gay se présente alors qu’il était lui-même de ce bord-là. Du coup, il n’allait carrément pas le rejeter pour ça… ce serait ridicule.

Il se gratta le coin du sourcil avant de hausser les épaules avec un air détaché accroché au visage. « J’aurais plutôt tendance à refuser un coloc homophobe ou raciste, je suis gay aussi. Du moment que vous payez le loyer je me fiche de vos horaires et du reste. » Avait-il dit simplement. Il assumait sa sexualité, enfin, en temps normal, il jugeait qu’il n’avait pas besoin de préciser qu’il était gay, ça ne regardait que lui, mais vu que l’autre en avait parlé, autant expliquer pourquoi il n’allait pas refuser d’un coloc homosexuel. Il espérait juste que l’autre ne ramène pas un mec tous les soirs, le calme et l’intimité, c’était sympa aussi. Mais bon, quand son coloc actuel ramenait une nana, il se contentait de monter le son de son Pc ou de son portable pour ne plus entendre. Et puis, lorsqu’il était concentré dans un jeu vidéo, il pouvait bien y avoir un tremblement de terre, il serait fichu de ne s’en rendre compte qu’une fois le net coupé. « On continue la visite ? Enfin, vu la taille de l’appart’ reste pas grand-chose à visiter. » Il haussa les épaules. C’était un fait. Au fond, c’était un appart’ de jeune, pas cher et pas très grand. Ellis n’était pas très exigeant, aussi bien en matière d’habitat qu’en matière de colocataire. Il se considérait lui-même comme facile à vivre… enfin sauf… « J’espère juste que vous êtes pas du genre à organiser des soirées trop souvent. » Dit-il cependant. Il pouvait survivre à une soirée de temps en temps, mais trop souvent, ça allait vite le gaver.

C’était tout ce qu’Ellis avait besoin de savoir : qu’il pouvait payer le loyer. Le reste ne le regardait pas. Il n’était pas très intrusif comme mec. Sauf si lorsqu’il s’agissait de drogue. Hum, il ne savait pas trop s’il devait poser des questions à ce sujet. C’était un peu délicat de demander à un inconnu s’il consommait ce genre de substances. Mais en même temps, il refusait d’en avoir sous son toit. Il avait assez donné de sa personne avec Mike. Pas question de vivre avec un autre camé. Il devait passer pour le mec le plus barbant du monde, mais bon, s’amuser sans se détruire, c’était possible aussi. Même si ces derniers temps, « s’amuser » ne faisait plus vraiment partie de son vocabulaire. Il sourit légèrement lorsque l’autre affirma que ce serait mieux que de squatter le canapé de son cousin. Il voulait bien le croire. Au passage, Ellis crut reconnaître un accent américain en écoutant l’autre parler. Est-ce que lui aussi était loin de chez lui ? Du coup, s’il était Américain, ce n’était pas un voyage de sept heures en voiture qu’il avait dû faire… rien de comparable à son voyage à lui du coup. Enfin, peut-être qu’il n’était pas loin de sa famille. Il savait au moins qu’il était très proche de son cousin… dans son canapé. Bon au moins, il était rassuré sur le fait qu’il n’y aurait pas des envahisseurs tous les soirs dans l’appartement. Il hocha la tête, acquiesçant pour le tutoiement… surtout que s’ils vivaient ensemble, ils n’allaient pas de se parler aussi formellement.

Il continua la visite de l’appartement tout en écoutant l’autre. Décidément, il était bavard. Ellis l’était aussi parfois, lorsqu’il était stressé ou mal à l’aise. Ow, il pensait que le blond pouvait avoir trente ans ? Là, c’était de l'immortalité, si un type de trente ans en faisait dix-neuf. Et puis, il n’avait rien de ces acteurs âgés qui avaient la tronche nécessaire pour jouer des ados dans des films ou des séries. « Non, non, j’ai pas trente ans, il s’empressa de répondre pour dissiper le doute. J’ai dix-neuf ans et je travaille, je suis serveur dans un café. Et toi ? » Demanda-t-il gentiment. Il secoua la tête à sa remarque sur le fait qu’il était bavard. Même si c’était difficile à croire en ce moment, il avait été du genre à parler facilement. Depuis qu’il avait perdu Mike, parler était devenu plus compliqué. « Ça va, c’est pas indiscret de me demander mon travail. » Il rit un peu avant d’ouvrir la porte de son coloc qui était absent pour le moment. Les cartons commençaient à s’entasser dans la pièce. « C’est la chambre vacante du coup. » Précisa-t-il en laissait l’autre entrer pour qu’il puisse se faire une idée des lieux. Ce n’était pas une suite dans un hôtel de luxe, mais bon, ce n’était pas le même prix non plus. Cet appartement, c’était différent de la vie qu’on lui avait prévu… faire de grandes études, avoir un métier « valorisant », vivre dans une belle maison… mais du coup, il avait tout gâché en partant avec un camé… Mais l’aimait, ce camé.

Oh, il était serveur aussi. Le blond sourit à l’annonce de l’autre. Bon, c’était surement moins ouf que s’ils avaient tous les deux étés chercheurs pour la NASA, il y avait beaucoup plus de postes de serveurs… mais c’était quand même un drôle de hasard. Bon apparemment, ce n’était pas du tout le même genre d’ambiance là où ils bossaient. Ellis préférait largement bosser dans un café que dans une nightclub. Et puis, lorsqu’il avait commencé, il était encore mineur, il n’aurait jamais pu postuler dans un établissement de ce genre donc. Mais même s’il avait été majeur, il aurait préféré éviter ça. Le blond n’était pas fan des lieux de débauche. Il préférait passer une soirée devant son Pc que d’aller en boîte de nuit. Avant, il sortait parce qu’il était avec Mike mais maintenant, c’était rare qu’il mette le nez dehors lorsque ce n’était pas pour le travail ou faire les courses. Sa vie avait pas mal changé depuis la mort de Mike, il y avait plein de choses qui n’avaient plus d’intérêt maintenant qu’il n’était plus là : aller au cinéma, aller boire un verre avec des amis, se promener en ville… tout ça, ça lui faisait plaisir avant parce que ça faisait plaisir à Mike. Il écouta l’autre, vraiment, il était bavard et avait un sacré débit de parole. Dire qu’il se trouvait parfois trop prolixe, en fait ça allait comparer au dénommé Adonis. Le blond n’avait même pas eu le temps de répondre que l’autre était déjà en train de lister tout ce qu’il pouvait faire.

Niveau ménage, Ellis faisait sa part, même s’il n’aimait pas ça. Vivre avec un légume lui avait appris à lutter contre son côté bordélique. « J’ai vu personne encore, je m’y prends un peu à la dernière minute… » Avoua-t-il en se frottant l’arrière du crâne. Il n’était pas très motivé à se bouger le cul dernièrement. Avec l’overdose de Mike, lui, avait fait une overdose de responsabilité et avait parfois envie de rentrer chez ses parents et de reprendre une place de gamin couvé. Mais en même temps, il leur avait déjà fait assez de mal, il préférait leur dire que tout allait bien. Même si c’était un mensonge. « Du coup, reprit-il un peu gêné, dans deux semaines, la place est libre… j’imagine que c’est un peu court pour prendre une décision… et pour s’occuper de la paressasse. Au pire, je peux attendre un mois. » Même si ça lui ferait payer deux semaines complètes tout seul… ce n’était pas ça qui allait le ruiner encore plus. Il avait un peu de mal à sortir la tête de l’eau, financièrement parlant… entre les factures, le coût des obsèques de Mike, la dette de ce dernier… le blond évitait les dépenses superflues. La vie n’était pas vraiment rose avec lui en ce moment. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, si vraiment il en avait marre, il fallait qu’il demande de l’aide à ses parents. Enfin, il finirait bien par s’en sortir, il essayait d’être le plus sérieux possible dans sa gestion de l’argent.

Le hasard faisait bien les choses parfois. C’était assez rare pour être notifié, mais ça arrivait. Le jeune homme était prêt à emménager dans deux semaines. C’était parfait pour Ellis, mine de rien, chaque économie d’argent était bonne à prendre le temps qu’il sorte la tête de l’eau. La dette de Mike était sans doute ce qui le mettait le plus dans la merde, mais la banque voulait absolument récupérer son argent et vu que la famille de son copain n’avait même pas daigné venir aux obsèques… il était le seul vrai proche de ce dernier. Décidément, les parents de Mike étaient vraiment cons. Pas étonnant qu’il n’ait pas hésité une seule seconde à quitter Hamilton… il lui avait même dit que s’il ne partait pas avec lui, il partirait seul. Ellis était trop aveuglé par l’amour et par ses propres problèmes pour réfléchir au besoin de fuir de Mike à l’époque. Aujourd’hui il comprenait. Enfin bref, il voulait bien s’occuper de la paperasse avec l’autre. Si ça lui permettait d’économiser du fric. Bon sang, il n’avait jamais été radin, mais depuis deux mois, il évitait toute dépense inutile. Lui qui venait d’un milieu bourgeois, les deux dernières années l’avaient bien calmé et lui avaient redonné le sens des valeurs. Du coup, même si s’occuper des papiers c’était chiant, c’était toujours mieux que raquer pour deux chambres dont une qui était vide. Et puis, il se souvenait que Mike et lui avaient galéré pour les papiers, ils étaient bien contents de pouvoir compter l’un sur l’autre.

Le blond afficha un air dépité en entendant la demande de l’autre. Il se sentait bête de ne pas lui avoir proposé de lui-même. C’était un comble pour un serveur. « Oh, oui. Désolé, je bug sur les conventions sociales des fois. » Il rit un peu. La vérité c’était que depuis la mort de Mike, il n’avait plus envie de recevoir qui que ce soit et avec cette non-envie s’était évaporée sa politesse. Quoi il en soit il alla vite à la cuisine mettre la machine à café en route et revint avec un verre d’eau. « J’ai lancé la machine, ça va prendre quelques minutes. » Son coloc avait fini le café avant de partir ce matin et n’avait pas eu l’intelligence d’en refaire. Ou pas le temps. Ellis n’était pas un gros buveur de café donc il s’en fichait. Il préférait un jus de fruit le matin au petit déjeuner. Il s’occupa de sortir les papiers que l’agence lui avait filés et expliqua les choses au brun, l’invitant à s’asseoir sur une des chaises posées autour de la table du coin salle à manger. Puis, il alla chercher le café qui était prêt, prenant la boîte à sucre au passage. « C’est pas du grand café, j’espère que ça t’ira quand même. » Dit-il désolé avec un petit rire gêné. Comparer à ce qu’il servait au centre commercial, ça c’était un peu de la pisse… Pas de crèmes ni de saveurs pour consommateur exigeant. C’était du café en poudre quoi…

Spoiler:

Il n’était quand même pas très poli, c’était un fait. Mais bon, Ellis n’avait plus l’habitude de recevoir du monde. C’était à peine s’il saluait les amis de son actuel coloc lorsqu’il passait dans la pièce commune. S’il n’avait jamais été hyper associable,  il le devenait de plus en plus. Encore un des effets secondaires de sa dépression. Heureusement qu’il travaillait et ne vivait pas seul, sans quoi, il aurait fini par devenir un zombie, seul chez lui, enfermé dans le noir à ne pas sortir de son lit. Mais dans ce cas, il ne vaudrait pas mieux que Mike à qui il avait reproché tant de fois de fuir la réalité. Ce n’était pas de la même façon bien-sûr et Mike était fêtard et sociable… il était juste… la tête dans les étoiles… dans le brouillard. Beaucoup trop loin du monde des vivants. Il avait donc apporté de l’eau au garçon et regardé les papiers avec lui. Il savait que c’était chiant, il était passé par là. Et il espérait ne pas avoir à recommencer avant longtemps. L’administration, ce n’était jamais une partie de plaisir. Il avait expliqué tout ce qu’il pouvait à son futur colocataire avant d’aller chercher le café. Il s’en servit aussi une tasse, ça ne lui ferait pas de mal. Ellis sourit à la remarque sur le café américain. Le blond en déduit que l’autre avait passé assez de temps dans ce pays pour s’y connaître un minimum. « Normal. C’est pas pressé hein. Enfin, il reste deux semaines quoi. » Il rit un peu, ironique.  

Okay l’autre chantait. Bon, il espérait que ce n’était pas catastrophique et qu’il ne faisait pas partie des gens qui pensaient bien chanter alors que les gens autour subissaient des horreurs vocales. Le serveur tiqua lorsque l’autre lui demanda s’il devait savoir des choses pour éviter les boulettes. Hm. « J’ai eu une rupture difficile avec mon ex et je ne veux pas en parler… Sinon, nan j’ai pas de talent particulier. » Il haussa simplement les épaules. En effet, il ne voulait pas parler de ça. C’était le sujet qu’il fuyait comme la peste. Son cœur n’était pas encore réparé et il ne le serait surement jamais. En tout cas, il avait du mal à y croire. Les gens lui avaient dit que ça irait mieux avec le temps, les rares gens qui étaient au courant de la mort de Mike. Sinon, il n’avait pas vraiment de question à poser à l’autre. Il lui faisait confiance pour parler pour deux de toute façon. « T’es Américain du coup ? T’as un visa ? » Demanda-t-il tout de même. S’il fallait encore qu’il se trouve un nouveau coloc dans un ou deux ans, autant qu’il s’y prépare cette fois. Mais bon, niveau organisation, le blond n’était pas des plus doué. Donc il serait fichu de s’y prendre encore au dernier moment. Le blond n’était pas très doué pour gérer sa vie. Surtout depuis deux mois. Avant, il devait tout gérer pour deux.

En effet, se débarrasser de quelque chose de chiant au plus vite, c’était pas mal pour le mental. Ellis hocha la tête en signe d’approbation. Il y avait tellement de choses dont il aurait aimé se débarrasser, mais certaines choses prenaient du temps. Genre rembourser un crédit. Mike avait merdé et c’était le blond qui payait les pots cassés. Enfin, comment lui en vouloir maintenant qu’il était mort. Ellis sirotait son café bien content d’entendre que l’autre ne lui parlerait pas de son ex. Il afficha un petit sourire lorsqu’il ajouta qu’il pourrait lui parler si un jour il en avait envie. Pour le moment, Ellis ne connaissait pas vraiment ce type et il doutait avoir un jour envie de parler de son défunt petit ami. Une part de lui espérait qu’un jour, il s’en remettrait et l’autre part se disait que c’était impossible. Il avait entendu parler des fameuses étapes du deuil… selon lui, c’était des conneries… Ou alors il était coincé à la phase de la dépression et ne risquait pas d’en sortir. Bon, ça ne faisait que deux mois. Mais ça restait infernal. Ellis ne considérait pas qu’il avait de talent en particulier. Enfin, il était bon aux jeux vidéo qu’il aimait, faisait bien son travail, mais voilà, il ne savait pas dessiner, ni chanter ou jouer d’un quelconque instrument. Mais bon, il s’en fichait, il n’avait pas besoin de talent. Il verrait ça lorsqu’il aura fini sa descente aux enfers. Chaque chose en son temps quoi. Pour le moment, son talent c’était de repousser les gens qui s’inquiétaient pour lui.

Quoi qu’il en soit, il écouta les explications du brun. Apparemment, c’était compliqué avec sa famille. Ellis pouvait comprendre. Enfin, il pouvait rendre la situation plus simple. Rentrer chez lui, se jeter dans les bras de sa mère, lui demander pardon… lui dire qu’il avait chié dans la colle et qu’il avait besoin d’aide. Il savait que ses parents ne lui en voulaient pas. Mais il ne savait pas qu’ils s’inquiétaient pour lui. Après tout, il faisait de son mieux pour les rassurer lorsqu’il leur téléphonait. La famille c’était un sujet difficile. Le blond avait de la chance que ses parents l’aiment et qu’ils acceptent son homosexualité même si au départ, ça avait été difficile. Parfois, il se demandait comment serait sa vie s’il n’avait pas lâchement fui. « Oh… désolé pour ta famille. On la choisit pas, malheureusement… dit-il doucement en pensant à ce que Mike lui avait raconté à propos de la sienne. Ma famille non plus ne viendra pas, on n’est pas brouillé, je veux juste pas qu’ils voient que je vis dans un appart bof avec un salaire de serveur alors qu’ils s’attendaient à ce que je fasse de grandes études et devienne cadre supérieur ou que sais-je. » Il rit un peu pour essayer de détendre l’atmosphère. Il n’avait pas envie de dire qu’il avait envie de retourner à Hamilton, de reprendre sa dernière année de lycée et de faire les fameuses grandes études qui lui étaient promises. Il préférait s’auto convaincre que la situation lui convenait.