Perdu et retrouvé - Alex Bennett

GET REAL

Depuis que Cher risquait l’euthanasie, Madeline le sortait plus souvent. Parfois en ville, des fois dans les parcs pour qu’il se fasse de nouveaux amis, souvent sur la plage et plus rarement en dehors de la ville. Ce jour là, c’était sur les hauteurs de Wellington. Les falaises étaient un spectacle à couper le souffle. Cher s’en donnait à cœur joie, il courrait partout, parfois trop près du bord, arrachant un cri de peur à Madeline. Le regarder aussi heureux lui serrait le cœur. Il avait mordu le mollet d’un con, parce qu’il faut se dire les choses franchement, et sa plainte pesait depuis sur les épaules du canidé. Elle n’avait pas pris de laisse, ni ne lui avait mis un collier parce qu’il était le plus obéissant mais aussi le plus fidèle des chiens. Il n’avait jamais fuit, jamais désobéit et l’écoutait au doigt et à l’œil; souvent à l’œil d’ailleurs, comme si un lien télépathique les unissait. Elle le câlina en chemin, ne se contentant pas seulement de le caresser, mais aussi de se mettre à son niveau pour le prendre dans ses bras. Elle l’embrassa entre les deux oreilles et le laissa filer.

Ils quittèrent la bordure de terre en direction d’un bois misérable. Il n’y avait qu’une poignée de hêtres, de peupliers et de frênes dont les troncs étaient droits, fins, et décharnés. De la falaise, ils ressemblaient à de hauts pieux formant un récif diaphane où seuls quelques rayons de lumière parvenaient à percer. Il y faisait toutefois plus frais et la chaleur y était supportable. Madeline profita d’un arbre tombé pour s’y assoir et chercher une bouteille d’eau au fond de son sac. Elle en partagea avec Cher qui haletait depuis un moment, avant qu’il ne s’enfuit à nouveau au fond du bois. Madeline haussa les épaules et prit le temps de se désaltérer et de bien remettre en place son sac sur son dos. Après une heure de marche, le bruit des voitures avait remplacé le chant de la mer. L’autoroute en contrebas retirait au bois tout son charme et la jeune femme appela son chien pour s’assurer qu’il ne s’approchait pas trop de ce côté-ci. Mais il ne répondit pas. Ni même la première fois, ni même la seconde et encore moins la troisième fois. Son cœur s’accéléra, la faisant suer, et elle détailla le bois hâtivement du regard, à la recherche du dogue allemand. Rien à l’horizon. Elle fut prise d’un sentiment de peur panique en pensant aux voitures en contrebas et prit ses jambes à son cou pour s’approcher du bord. Il y avait des voitures à perte de vue, du gaz noir qui formait un nuage monstrueux, et des déchets sur le bas côté, mais pas de chien. Elle laissa s’échapper un soupire de soulagement et se tourna. Presque dix minutes qu’il avait disparu. Elle s’avança au pas de course, l’appelant à nouveau, répétitivement. Dix minutes encore s’écoulèrent, et des larmes coulaient sur ses joues à présent. Elle avait arrêté de l’appeler tant sa gorge lui faisait mal. Elle voulut appeler son frère, mais son téléphone ici ne captait rien. Il était pourtant hors de question qu’elle rentre sans lui. Elle hésita à se diriger vers les habitations qu’elle apercevait devant, mais se résolut à retourner sur ses pas. Sans Cher, la bois semblait bien vide. Elle avait les yeux rouges, et la gorge atrocement sèche, pourtant elle sortit une cigarette de son sac et s’en enfila trois à la suite. Les klaxons avaient disparu et les mouettes étaient revenues. A l’horizon, la mer avait l’air d’être infinie. Ici et là, elle regardait les alentours, désespéramment à la recherche de Cher, et se fit la promesse de se punir si elle ne le retrouvait pas.

Et puis soudain un aboiement. Madeline se retourna, l’espoir comme unique sentiment, et l’aperçut au pied d’un homme ou d’une femme, de là ou elle était, elle ne pouvait dire. Elle se mit à courir, l’appelant d’une voix criarde, et se laissa tomber sur ses genoux pour le prendre dans ses bras. Le soulagement était tel que toute la pression retomba et des larmes s’étaient mises à perler sur ses joues. « Petit con», lâcha-t-elle. La queue de Cher était toute agitée, prouvant qu’il était bien tout excité de retrouver sa maitresse. Elle finit par se relever et toiser l’homme, parce que c’était un homme, auprès duquel Cher s’était assis, et ce fut comme un tremblement de terre sous ses pieds. La bouche toute ouverte de surprise, elle reconnut Alex et sous le coup de l'émotion pleura d'avantage. Elle le prit dans ses bras et le serra contre elle, trop émue pour parler.

Alex la garda un moment dans ses bras en soufflant son prénom. Elle le serra d’avantage en tentant avec tant de bien que de mal de se calmer. Retrouver Cher et Alex en même temps avait soulevé un torrent de sentiments, et elle avait du mal à se calmer.

Il mit fin à l’étreinte en se détachant d’elle, et les deux essuyèrent leur yeux tant ils avaient pleuré. Madeline ne put s’empêcher de sourire ; ils avaient l’air particulièrement idiots tous les deux. « Qu'est-ce que...tu fais là ? T'as encore paumé Cher, c'est ça ? » Elle ria cette fois, lui donnant un coup sur le torse, et le regarda droit dans les yeux. Elle crut y voir de la peur ou de la panique, elle ne sut pas vraiment comment définir ce qu’elle y voyait mais ça ne ressemblait pas à l’Alex qu’elle avait connu. Un millier de question bouillonnaient à l’intérieur d’elle ; pourquoi avait-il disparu, que devenait-il, allait-il bien ?  Mais elle ne savait pas par où commençait et il la devança. « Ça me fait super plaisir de te voir, en tout cas ! » Sourire aux lèvres, elle hocha la tête pour lui signifier qu’à elle aussi.

Elle regarda un instant la mer. Alex était venu vers elle il y a de ça un bon bout de temps. Il était jeune journaliste et avait été intrigué par elle, ses modifications corporelles, et aussi son art. Il avait voulu l’interviewer et ils avaient appris à faire connaissance et avait transformé ce qui ne devait être une relation professionnelle en une grande amitié. Pourtant au fond, ils ne se ressemblaient pas tant que ça. Peut-être aussi que c’était ça qui les avaient attirés et rapprochés. Et puis un jour Alex avait tout bonnement disparu, sans laisser de trace, sans laisser de nouvelles. Elle avait pourtant essayé de le contacter, plusieurs fois, mais ses appels restaient toujours sans réponse. Au début, elle l’avait prit personnellement, peut-être que finalement cet article il ne voulait plus le publier, et elle s’était sentie vexée ; si ça avait été le cas, il aurait pu juste le lui dire. Mais elle avait aussi essayé de chercher des nouvelles dans le journal où il travaillait et eux aussi ne savaient pas ce qu’il était devenu. Puis elle avait finit par abandonner ses recherches car elles ne menaient à rien et s’était persuadée qu’Alex avait du partir loin de la Nouvelle Zélande, qu’il avait voulu changer d’air et tout reprendre à zéro. Pourquoi ? Elle ne savait pas, et essayait de ne pas trop y penser.

Le voir aujourd’hui relevait du miracle. Elle lui sourit, les yeux encore mouillés tant l’émotion était palpable, et elle lui proposa de marcher un peu le long des falaises. Puis elle mourrait trop d’envie de lui poser toutes ses questions, alors elle finit par les lui poser. « J’en reviens pas de te voir Alex, ça me fait tellement plaisir, si tu savais. Mais… » Elle hésita un moment. « Qu’est ce qui s’est passé ? Je veux dire… Pourquoi t’as disparu du jour au lendemain ? » Elle baissa les yeux. « Est-ce que c’est à cause de moi ? » Cher les suivait au pied. Il avançait l’air serein, et elle l’envia d’être aussi cool tout le temps. Elle se sentait désolée de lui poser cette question à peine se revoyaient-ils mais elle lui brulait trop la gorge pour qu’elle puisse la garder pour elle. « Qu’est ce que tu deviens, dis moi ? »

Alex ferma les yeux et prit une grande inspiration. Maddie regarda le sol, peu fière de lui poser autant de questions « Je suis tellement désolé... Je...Je n'avais pas le choix... » Elle fronça les yeux. Pas le choix ? Elle le regarda. Il avait l’air hésitant, pensif. Que pouvait-il bien s’être passé ? « J'étais sur une affaire...et ça a failli mal tourner. J'ai mis mon nez où il ne fallait pas. Je suppose que j'ai été un peu trop curieux. » Il émit un rire qui sonnait faux et elle commençait à craindre la suite. « Tu me connais. J'ai toujours été bien trop curieux. Bref...pour un putain d'article j'ai eu la merveilleuse idée d'infiltrer un groupe de dealers...J'ai été découvert et j'aurais sans doute passé un sale quart d'heure si je n'avais pas réussi à fuir à temps. Je devais disparaître pendant un temps. Et je ne voulais en parler à personne pour éviter de mettre qui que ce soit en danger. » Elle était estomaquée. Une part d’elle ne voulait pas y croire. Il ne lui avait jamais parlé de cette infiltration, et l’histoire était trop grosse, ça ne pouvait vraiment pas être vrai. Mais au plus profond d’elle, elle y croyait dur comme fer. Il ne lui mentirait pas, pas lui, il l’aimait bien trop. Pas à elle. Mince que lui était-il arrivé ? Elle imagina en catastrophe les pires scénarios. Alex avait l’air particulièrement nerveux. Il regardait la mer, et ne parlait pas. Elle baissait les yeux.
Il lui prit la main. Elle le regarda droit dans les yeux, peinée. Il lui promit que tout rien de cela n’était lié à elle et qu’il l’aimait fort, ce qui la rassura dans un sens. Elle ne put s’empêcher de remarquer les coups d’oeil inquiets d’Alex un peu partout. « Il y a quelqu’un ? » Elle se mit à regarder elle aussi autour d’eux. Sa nervosité était transmissible. Est-ce qu’un dealer les suivait ? Pourtant elle ne voyait rien. Elle serra la main d’Alex un peu plus fort. Peut-être qu’il était devenu parano à force mais une partie d’elle ne pouvait pas s'empêcher de s’inquiéter.
Il lui demandait à présent ce qu’elle était devenue, s’il y avait du nouveau. Elle hocha répétitivement la tête. Tellement de choses s’étaient passées en son absence. Elle avait honte d’en parler. Pourquoi avait-elle eu la chance de vivre tranquillement alors que lui n’avait eu le droit à rien de tout cela ; alors qu’il était prisonnier de son infiltration. Elle caressa doucement le dos de sa main avec son pouce. « J’ai rencontré quelqu’un. » Elle marqua une pause et regarda à son tour la mer. Le chant des mouettes et la mélodie de la mer l’apaisaient. « Une fille. » Elle l’avait dit à voix baisse, presque inaudible. Elle l’avait dit comme si c’était une tare. « C’est pas facile tous les jours. C’est même dur. » Elle soupira. Pourtant Dieu savait qu’elle l’aimait son Erihel. Mais c’était si dur. « Mais on s’aime. » Elle hocha la tête pour tenter de s’en convaincre. « Cole et moi on a… » Elle chercha ses mots. Elle n’en n’était pas fière de ne voulait pas aller dans les détails.  « On a fait une bêtise, et quelqu’un a porté plainte. » Elle appela Cher et caressa sa bouille. « Il a porté plainte, Cher risque d’être euthanasié. » Sa voix avait tremblé au dernier mot. Elle n’arrivait toujours pas à s’y faire. Elle s’en voulait tellement.
Il s’était tellement passé de choses. Maintenant qu’elle en parlait elle se rendait compte que ces derniers mois n’avaient pas été si heureux. Elle avait rencontré l’amour oui, mais à quel prix ? « Et aussi… T’as entendu parlé de la prise d’otage dans la banque du sixième arrondissement ? » Elle baissa les yeux et lâcha sa main sans s’en rendre compte. « J’y étais. J’ai tellement eu peur Alex. » Des larmes vinrent mouiller ses yeux, mais elle les essuya d’un revers de main et fit mine de rien. « Et puis tu me connais, j’ai beaucoup fêté, beaucoup désinné, j’ai fais ma petite vie… sans toi. » C’était si dur à dire.

Alex regardait un peu moins autour d’eux, et avait prétexté le stress pour excuser ses coups d’oeil inquiets. Madeline eut de la peine pour lui. Il avait l’air fatigué, anxieux, et elle n’y pouvait rien. C’était dur de se dire qu’il avait traversé tout ça sans elle, pendant qu’elle vivait sa petite vie de bourgeoise. Elle avait si vite tourné la page Alex en se disant qu’il avait du refaire sa vie ailleurs, que découvrir maintenant qu’il s’était caché tout ce temps par peur de représailles la remplit d’un sentiment de culpabilité.
Alex la prit dans ses bras quand elle évoqua Erihel. Elle ne put empercher de sourire, le contact avec lui l’avait manqué. Elle lui tapota le dos en signe d’affection. Oui, ce qui comptait c’était qu’elles s’aimaient, pas que ce soit difficile. Au fond, elle espérait que tout s’arrange, et qu’elles ne puissent garder que le meilleur, et mettre aux oubliettes, tout le reste.
« Pour tout te dire…j’ai rencontré quelqu’un aussi. Enfin… Je ne sais pas trop… » Madeline tourna la tête vers le brun, surprise et curieuse à la fois. En parlant de lui, il avait l’air hésitant, pensif, et amoureux. Elle le trouva adorable. Les relations amoureuses compliquées, ça la connaissait, elle. Il lui demanda s’il devait lui parler de ses sentiments, et elle hésita à lui répondre. D’instinct, elle n’aurait rien dit à sa ^lace, mais c’était peut être à force de se terrer dans le silence qu’elle n’écopait que de relations instables. Elle eut envie de lui dire d’aller lui parler, mais il avait l’air si hésitant qu’il lui mit le doute. Il avait raison de douter bien sûr, c’était jamais agréable d’ouvrir son cœur sans avoir de réponse. Ces derniers jours, elle avait l’impression que peu importe ce qu’elle faisait, peu importe ce qu’elle disait, rien ne plaisait à personne. Elle était dans le doute permanent, et n’était pas dans la bonne position pour conseiller qui que ce soit. Et plutôt que de lui répondre, elle lui posa d’avantage de questions. « Pourquoi est-ce qu’il te rejetterait ? Est-ce qu’il est hétéro ? Est-ce que lui n’a pas de petites intentions pour toi, est-ce qu’il n’a pas les yeux qui brillent quand il te regarde ? Est-ce que tu n’as pas juste suffisamment confiance en toi ? » Au fond, ces questions, c’était plutôt à elle qu’elle se les posait.
En lui parlant de Cher et de l’histoire du procès, Alex eut l’air tout aussi surpris qu’elle lorsqu’elle avait appris qu’on avait porté plainte contre elle et son frère. Elle n’en n’était pas particulièrement fière. « Hônnetement, j’ai pété un plomb. Erihel, ma copine, a monté son propre night club, et un de ses investisseurs la harcelait. Littéralement. Et j’ai vu rouge, j’ai… Je l’ai intercepté au coin d’une rue avec Cole, et il en avait rien à foutre putain. » Elle s’emportait en repensant au déroulement de la scène. « Et je jure, ça m’a tellement énervée, j’ai demandé à Cher d’y aller. Il l’a pas tué hein, mais il lui a laissé une bonne marque sr la jambe. Ca m’a fait tellement de bien je te jure. Ca me rend dingue de savoir qu’il a porté plainte Alex. Il méritait tellement ce que j’ai fait. » Bon, peut-être pas. Elle s’était largement laissée emporter. Elle aurait pu aller voir la police, discuter avec lui, investir à la place de ce gars, mais elle avait agi sur le coup de la colère.
Il la prit une nouvelle fois contre lui quand elle lui apprit pour la prise d’otages. C’était agréable de l’avoir contre elle, de savoir qu’il était là. Il s’excusa un million de fois avant de séparer d’elle et de lui dire, avec un sourie triste « Je suis un bien piètre ami, hein ? ». Elle lui sourit, et lui mit donne une tape sur l’épaule. « Mais t’arrêtes oui. C’est moi la piètre amie qui t’ait laissé disparaître alors que t’étais dans le pétrin. Mais on va pouvoir rattraper le temps dit ? Tu peux sortir d’avantage maintenant ? Je mourrais pour un café avec toi. ».

Alex rougit en parlant de celui qu’il aimait et à l’entendre, l’autre l’aimait beaucoup aussi. En tout cas, c’était l’impression qu’il donnait. Pourtant elle ne savait pas quoi lui répondre, son indécision constante la rendait incapable de donner de bons conseils. Elle lui répondit donc, un peu gênée « Je sais pas Alex. J’ai envie de te dire que tu n’as rien à perdre, mais peut-être que… » Elle hésita de peur de le blesser, mais décida d’aller au bout de sa pensée « Peut être qu’il t’aime juste bien. A ta place je ne ferais rien, mais tu sais je ne suis pas de bons conseils, surtout en matière de relations amoureuses. » Elle rit pour cacher son malaise avant de lui adresser un sourire affectueux. Elle n’avait jamais eu de relation amoureuse stable et n’était pas un exemple. « Peut être que tu devrais faire le contraire de ce que je dis, comme ça au moins tu seras fixé. » Elle hocha les épaules. Peut-être que si elle avait tout fait autrement dans sa vie elle aurait été plus heureuse. A sa question à propos de sa confiance en lui, elle lui répondit en le taquinant : « J’ai vraiment besoin de te répondre ? ».
Quand il lui dit qu’elle n’aurait pas du réagir de la sorte avec son chien et l’investisseur d’Eri, elle leva les yeux au ciel. Elle en était très bien consciente et s’en mordait encore les doigts. Il s’excusa en caressant Cher et elle lui sourit, pensive. Elle s’en doutait bien qu’il ne la jugeait pas, Alex était loin d’être le genre de type à juger à tout va.
Elle était heureuse qu’il accepte de boire un café avec elle, mais surprise qu’il lui dise ne pas aimer les endroits fréquentés. C’était loin d’être le cas de l’Alex qu’elle avait connu. Elle ne comptait plus les soirées qu’ils avaient passées ensemble autour d’une bière ou d’un café. Bon, si c’était le seul moyen de boire un café avec lui, elle accepta en hochant la tête. « D’accord. » lui répondit-elle un peu perplexe.
Il lui dit une énième fois qu’il était heureux de la voir et la prit une nouvelle fois contre elle. Elle rit doucement avant de lui dire, le regard espiègle. « Fais attention, je vais finir par croire que c’est moi dont tu es amoureux ! » Elle lui tira la langue –langue qui était fourchue- et pressa un peu plus le pas vers le café le plus proche, pressée de boire avec son ami. « Tu sais elle est pas méchante. Elle différente d’Austin, elle a pas beaucoup confiance en elle, et elle est plutôt possessive. Et puis tu me connais, je déteste qu’on me mette des chaines, je déteste qu’on soit possessif avec moi, alors je pars vite dans les extrêmes. » Elle reconnaissait volontiers ne pas être facile à supporter, elle avait un caractère bien trempé et une estime d’elle un peu trop forte. « Mais elle est adorable. Tu t’en doutes, je serais pas avec elle sinon. C’était pas évident au début, tu sais j’étais jamais sortit avec une fille et j’avais un peu de mal à cette idée, mais elle est tellement douce, tellement affectueuse, calme. J’aime bien la regarder dormir la nuit, elle m’inspire beaucoup pour mes illustrations. Je l’aime énormément. »
Au fut et à mesure qu’ils marchaient, ils se rapprochaient de la civilisation ; finit les falaises, les arbres, le son des vagues et celui des mouettes. Elle vérifia la carte du premier café qu’ils croisèrent et lui proposa de prendre un verre à celui-ci. Il y avait pas loin le sanctuaire animalier de Kaori, qui plus qu’un piège à touristes était un véritable spectacle visuel. « On pourra aller se poser au sanctuaire animalier, ça changera des falaises. Je te prends comme d’habitude ? » Elle attendit sa réponse et se précipita dans le café dans lequel elle commanda à la serveuse deux boissons. Elle discuta avec elle le temps qu’elle les serve et celle-ci lui fit remarquer son ami était beau. Elle retint un rire amusé et une fois les cafés en main, se retourna vers Alex, lui tendant le sien. « T’as une touche. » lui dit-elle, attendrie.